Planète Thiéfaine

[ALFANA 427]

Quelle jouissante sensation lorque l'actualité de Hubert-Félix Thiéfaine s'emballe et se matérialise par des CD au rayon nouveautés de nos disquaires.
Pourtant parmi les fidéles du public de HFT,certains jugeront,à tort ou à raison,que ces "séquelles"n'ont pas leur place dans le rayon "nouveautés" de par leurs sons, déjà bien connus, couvrant un "bourdonnement" d'imageries arachnéennes saugrenues...franchement je n'ai pas d'avis radical sur la pertinence d'une nouvelle compilation,mais il me revient en mémoire un article lu datant des premières compilations qui révélait que Thiéfaine avait récusé ces oeuvres à priori sorties à son insu.Or,dans le cas présent il semble que "séquelles" correspond à une réelle volonté d'incarner une oeuvre décidée au minimum par son "staff de proximité".
Quoiqu'il en soit,personne ne m'a obligé à l'acheter ce "best-hier",le choix est bien laissé à chacun;de plus si j'ajoute qu'aucun matraquage médiatico-commercial ne vient solliciter ma propension à "consommer" pour cet objet,et bien ce dernier argument justifie pratiquement à lui seul mon achat.En effet,la rareté et la discrétion,vertus incontournables d'un subjectif panthéon,de ces oeuvres distillées sans propagande outrancière séduisent toujours mon égo aussi bien sensible au fond (contenu) qu'à la forme (contexte,raisons de cette sortie...).Et puis le fait de me vautrer dans les affres d'une dépense superfétatoire me permet de savourer une réaction de dénégation sans doute puérile mais assez jubilatoire ressentie à l'égart de ces postures dont Thiéfaine ne s'est guére accommodé durant ces 30 années et des poussiéres et que j'honnis pour leur parasitage sur l'"objet" ou le "sujet" artisitique :
pensées consensuelles,soumission promotionnelle,omniprésence médiatique ou pitoyable dépendance à "optic"2000...suivez mon regard,c'est le cas de le dire!
C'est donc avec la perspective d'un état proche de l'ataraxie que je me suis dirigé d'une pulsion fiévreuse d'adolescent bientot quinquagénaire vers un de mes lieux de prédilection:la FNAC.De suite l'instinct d'aficionado qui phagocyte ma raison de citoyen responsable(quoique...) détecta le précieux sésame tronant de façon aguichante sur les étagères affectées à la lettre T.
Bon,d'accord mes séquelles n'ont pas été retenues mais elles ne méritaient sans doute pas mieux que cette indifférence polie qu'elles ont du suscité.J'avais sans doute trop à dire pour condenser en "joyaux" littéraires de 200 mots des séquelles innombrables et d'une intériorité difficilement transférable en phrases harmonieuses ,eu égard à mon potentiel d'écriture.Carence d'inspiration devant l'artiste qui m'aura le plus enrichi:étrange paradoxe.Mais pas d'amertume car un réel plaisir s'instaure lorsque je parcours page aprés page ces vibrants hommages .Juste un zeste de frustration matiné d'une pincée de tristesse accompagne ma cranerie de perdant magnifique.Je me souviens qu'au détour d'une déclaration Thiéfaine avait affirmé ne chanter que pour les dingues et les paumés.Celà m'avait réconforté car j'avais eu la prétention de me sentir visé...j'aurai voulu répondre à ça.Et puis je réalise qu'il s'agissait d'une occasion unique de le saluer de ma modeste plume et de lui témoigner ma gratitude et mon admiration...tant pis et dommage pour moi car l'opportunité d'écrire "merci" officiellement ne se représentera peut-etre plus et c'est uniquement cette pensée qui me chagrine...mais bon relativisons ,quelle est donc cette langueur,somme toute assez superficielle à coté de l'humanité amputée,en plus de ses martyrs quotidiens,d'un autre grand artiste parti clouer des clous sur un nuage...sans echaffaudage...
Si consolation et régéneration sont nécesssaires enivrons-nous de "Annihilation" le titre inédit,torrent inépuisable d'une déferlante de phrases extatiques dont les mots s'entrechoquent dans des collisions exhalant un curieux sentiment d'infini mélancolie.Avec une mélodie semblable à une mer dont les ressacs refluent un désespoir embrasant nos coeurs de déchirures intimes...
Encore une fois touché à l'ame...
Que ton inspiration demeure.

[loreleï2]