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Discussion générale sur le chanteur rock Hubert-Félix Thiéfaine
 
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Chronique d'Alambic Sortie Sud

 
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MessagePosté le: 09 Aoû 2006, 19:58    Sujet du message: Chronique d'Alambic Sortie Sud

Une chronique de l'album "Alambic Sortie Sud" récupérée sur le site "La Terre des Immortels" (www.metal-immortel.com) :

CHANSONS QUI TUENT :
Chambre 2023

CHRONIQUEUR :
[MaelströM]
(Décembre 2005)

NOTE : 15 / 20

1984: sixième album. Production cold-wave après l’heure. Thiéfaine a mis du temps à se ressaisir… Plus aucune mesure de folk, ici, du rock sombre, pessimiste et griffé. Il suffit de voir les conditions dans lesquels il a été enregistré: le songwriter s’est cassé un bras, il ne peut plus jouer et donc composer; une rumeur le dit mort d’une overdose depuis plusieurs mois. C’est dans ce climat idyllique que naît Alambic/Sortie-Sud, l’album le plus déprimant de Thiéfaine. Et c’est au beau milieu des années 80 qu’il sort! On n'est plus à une contradiction près…

Première remarque, très importante pour appréhender correctement ce disque: Thiéfaine n’y a rien composé. C’est Claude Mairet qui s’est occupé de tout, d’où le sous-titre de l’album: Non pas ‘Hubert-Félix Thiéfaine’ mais ‘Thiéfaine/Mairet’, c’est un album duo, chacun a son mot à dire. Si auparavant le fidèle Mairet venait poser sa patte à la production ou au mixage, voir co-signé les titres, il se retrouve ici à écrire, diriger et arranger toutes les compositions. Connaissant le talent du guitariste, cela n’a rien de rebutant. Et il faut avouer que le bonhomme s’en est franchement bien sorti! Réussissant à capter la noirceur intrinsèque de l’œuvre, il a brodé du fil anthracite autour des textes de Thiéfaine, et le mélange concentré du talent des deux hommes donne un milk-shake surprenant mais sans grumeau. Tout d’abord, un avantage majeur de ce disque: il est court, il est entier, il est unitaire. Car si Thiéfaine a toujours adoré fureter dans les styles, mélangeant le rock à la chanson, au rhythm ’n’ blues ou à la pop, ce disque est une exception forte. Tous les morceaux font partie du même concept, de la même recette.

Et cette recette est gagnante, le disque est bouleversant. Si l’album est marqué par des synthétiseurs très 80s qui lui donnent un aspect désuet, je n’irai pas jusqu’à dire qu’il a mal vieilli. L’atmosphère est intacte, en tout cas. La pochette résume le concept: bleu nuit, glacial. Dans les squats délaissés, la radio sert de brasier. Et tout ici est froid, des textes à la musique. Signant ses textes les plus sombres, le « poète maudit » comme on l’appelle a réussi son coup, ici. "Nyctalopus Airline" est un exemple en maniement de texte, la progression est absente, tout est figé, l’instant capté ressemble fort à la montée scabreuse d’une âme fauchée par l’apocalypse. Et ce ne sont pas les superbes guitares acides de Mairet qui viendront réchauffer le chaland soumis à la torture. "Femme de Loth" sera le simple choisi pour la promo, on a du mal à comprendre pourquoi… « Nous rêvons d’ascenseurs au bout d’un arc-en-ciel / Où nos cerveaux malades sortiraient du sommeil » D’un autre côté aucun morceau ne semble convenir, alors pourquoi pas? Toujours la même impression de froid, la batterie métronomique et la basse minimaliste sont souvent critiquées, ici cela renforce la cohésion des morceaux. Pas de fioritures, un paysage dégagé, une banquise musicale...

Le morceau d’ouverture est un bel exemple d’iceberg. "Stalag-Tilt" balance la sauce d’entrée de jeu: les synthétiseurs tapent dans des aiguës stridents et les guitares en saturation crachent des salves rythmiques au cyanure. "Buenas Noches, Jo" travaille le registre du monde parallèle, une constante dans cet album, de nombreuses allusions à la science-fiction sont distillées (Alambic?) tout au long des sept morceaux. « Soudain je t’aperçois petite / Entre un flipper et un juke-box / Frottant ton cul contre la bite / D’un hologramme de Rank Xérox…» Débutant par une percussion synthétique angoissante, le paumé visite sa ville futuriste dans un texte atemporel (les phrases ne sont pas dans l’ordre de l’histoire, si vous préférez), sans parler des chœurs du refrain qui n’ont pas finis de vous tournez dans la tête… Comme pour mordre dans la rumeur, Thiéfaine s’autorise une incursion journalistique autobiographique dans "Un Vendredi 13 A 5H" où il met en scène sa propre mort, tordant le cou aux bruits qui courraient sur son enterrement précipité. D’une finition excellente, les textes à tiroir, à figures de style et à aphorismes sont toujours aussi percutants « Ce jour-là j’pèt’rai mon cockpit, dans la barranca del muerto… / Avec ma terre promise en kit, et ma dysenterie en solo ».

Comme pour tomber lui-même dans le paradoxal, il décide, juste après cette annonce à la « Même pas mort! », de consacrer un morceau à l’héroïne… Rien que ça. "Chambre 2023 (& Des Poussières)" reste encore aujourd’hui un des meilleurs morceaux de Thiéfaine durant la collaboration avec Mairet. Brillamment composée par ce dernier, la ligne de basse simplissime ne vous sortira plus jamais du crâne, de même que les harmonies de guitare. Ou comment créer un chef d’œuvre avec trois fois rien. Véritable ode psychédélique aux paradis artificiels, « Roule, lady… Nullifie-moi… Allez, roule en moi! » la traversée ne se terminera même pas sur un lit d’hôpital, mais dans une cave lugubre où résonne un magnifique solo de saxophone, donnant à cet album la fin qu’il méritait: Aucune porte de sortie, dansons autour du sexe, de la drogue et de la mort, rien à faire, c’est sans issue.

J’aurais volontiers mis une note supérieure à cet album, le considérant comme un des meilleurs de Thiéfaine, un des mieux construits. Malheureusement ce que fait le songwriter est tellement personnel qu’il ne pourra jamais obtenir une note parfaite, si en plus on ajoute le fait que ce disque est froid comme la mort et que les synthés 80s ne passent pas forcément très bien, on a un disque génial mais trop « bizarre ». Si on n’est pas touché par la prose du monsieur, voir des sur-notes n’a aucun sens. On se doit donc de juger également la musique en elle-même, et dans ce cas, si l’album ne bénéficiait pas de la touche Thiéfaine, il serait sûrement nettement plus anecdotique. Claude Mairet a fourni un excellent boulot dans le son rock imprégné à la new-wave, mais cela ne suffirai pas à en faire un chef d’œuvre. Je vous laisse donc juger…
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Arnaud33



Inscrit le: 05 Juin 2006
Messages: 143

MessagePosté le: 09 Aoû 2006, 21:20    Sujet du message:

Excellent !
Merci ...Narcisse
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LunarCaustic



Inscrit le: 08 Aoû 2005
Messages: 2260
Localisation: Sous la Lune Caustique et Sanguine

MessagePosté le: 09 Aoû 2006, 23:40    Sujet du message:

Ouep, merci pour ces trois critiques sympas...

Ca me donne envie de me réécouter ces albums, tiens... Wink
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