ALFANA 427
Inscrit le: 22 Oct 2006 Messages: 50 Localisation: je ne suis qu'effluve et je reviens d'ailleurs
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Posté le: 08 Avr 2011, 17:25 Sujet du message: Thiéfaine-Lavilliers je t'aime,moi non plus ?... |
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Hier soir j’ai assisté au concert de Bernard Lavilliers à Lyon-Bourse du travail- dans une ambiance calvitie naissante et élégance surannée bien sage. Mais le Stéphanois, en territoire « ennemi »a réussi à sublimer un public arraché à ses fauteuils velours ankylosants et dont l’avidité au répertoire proposé se manifesta par des ovations de plus en plus appuyées au fur et à mesure du concert. Cependant je suis sur qu’on pourra encore faire mieux à Tony Garnier…
En attendant ces réjouissantes échéances automnales je continue à tenter de vivre le moment présent très fort ce qui impliqua une attention à Lavilliers, à sa contenance et/ou dimension scénique très assidue.
Et du Brésil à New York, de Rimbaud à Marley, de causes perdues en musiques tropicales l’artiste déroula ses projections incarnées en chanson jamais communes constituant le riche patrimoine d’une carrière de 4 décennies. A un moment du spectacle, au détour d’une anecdote sur la nécessité des causes (encore plus essentielles lorsqu’elles étaient perdues) je ne pus réprimer le souvenir d’une citation de HFT dans « defloration13 » empruntée à Romain Gary « les idéalistes sont des fils de p…qui trouvent que ce monde n’est pas assez bien pour eux ».
Est-ce de là, par rapport à cette divergence que Thiéfaine et Lavilliers ne se sont jamais salué (artistiquement parlant, j’entends). Même pire puisque au cours d’un forum à la FNAC Thiéfaine nous avait déclaré ne pas considérer Lavilliers comme un poète.
Pourtant les convergences afflueraient : même attachement à Léo Ferré, même discrétion, même marginalité, souvent même références littéraires…quant aux oppositions j’avoue ne relever qu’une appréhension de la politique radicalement antinomique. Lavilliers ne cache pas son ancrage à gauche alors qu’il ressort de Thiéfaine une attitude plus ambiguë et pour tout dire assez nihiliste sur le sujet politique. Ensuite les réserves que je peux émettre sur les différences entre les 2 artistes restent de l’ordre du conditionnel, de l’hypothétique :
-Lavilliers a-t-il vraiment vécu les aventures relatées avec autant de talent dans ses interventions, dans ses chansons et donc cette image de baroudeur repose t-elle sur un socle de réalité ?
-En creusant le sillon de rythmes latino-américains, de percussions immédiatement identifiables certes épousant parfaitement sa sensualité scénique, Lavilliers, contrairement à Thiéfaine, a paré sa discographie de chansons prévisibles moins risquées et donc moins ambitieuses…alors que HFT s’échinait à se renouveler avec en filigrane toujours cette attitude provocante foncièrement rock (« j’ai décidé d’avoir le monde entier contre moi»)Lavilliers se régulait en albums tièdes et attendus.
Quoiqu’il en soit la prestation de Lavilliers (64 ans)déambulant au milieu d’un public respectueux (pas besoin de « gorilles » sa personnalité dégageant peut-être aussi moins de familiarité que celle d’Hubert -qui anticipa les débordements lors du bain de foule à Bercy par la présence à ses cotés de personnel affecté à sa protection-) méritait cet humble compte rendu lui qui comme Couture, Manset, Renaud, bien sur Thiéfaine et sûrement quelques-autres n’ont cessé de porter haut l’exigence de textes à la hauteur de références culturelles françaises les plus prestigieuses.
Salutations |
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