Planète Thiéfaine

ALFANA 427 · Posté le: 10 Mar 2012, 15:20 Sujet du message: LE RETOUR D UN GRAND

Bonjour,

Enthousiasmé par le nouvel album du boss Bruce Springsteen "wrecking ball" je ne peux résister à la tentation d'en établir un panégyrique...
Le "Boss" tout comme Hubert-Félix,ça représente pour moi plus de 3 décennies de fidélité avec cependant des incartades plus fréquentes vis à vis de l'itinéraire du premier.Effectivement ,depuis "the ghost of Tom Joad" les albums de Springsteen, moins inspirés, étiolérent une assiduité à ses oeuvres que je refusais de m'avouer...
Happé par les ballades mélancoliques de "the River",par la tonalité sombre
de "Nebraska" ou par les riffs énergisants de "born to run" et "born in the usa" j'en revenais toujours aux gloires passées du Boss,irrémédiablement.

Alors avant d'écouter ce nouvel album je ne cache pas ma perplexité dubitative...mais quoiqu'il en soit Springsteen restera toujours Springsteen le chantre des classes laborieuses dupées et/ou dopées par le reve américain et dont la voix rapeuse me vrillera toujours l'estomac...
Et donc le négatif de mes espoirs de bel album révéla un tirage à la hauteur de mes attentes...sans doute le meilleur album du "boss" de la derniére décennie.Les compositions parsemées de teintes irlandaises, la voix toujours poignante,les chansons se succédent en couches sédimentaires d'un ensemble bien harmonieux et font de "wreking ball" une réussite sans réserves.
Ma fidélité entétée est récompensée,ce disque restera...émotion dense et regard maculé d'écume lacrymale à son écoute...tiens les memes
impressions qu'un certain "suppléments de mensonge"!

A noter une touchante dédicace au "big man" Clarence Clemons décédé l'an passé, son saxophoniste du Street Band :
"Clarence n'a pas quitté le Street Band quand il est mort.Il le quittera quand nous mourrons." Bel hommage,non ?

Cordialement,
Alfana

ALFANA 427

Autre retour à saluer :Dominique A avec un album "vers les lueurs" riche et à la force poétique vivifiante.
Moi qui sent sur ma nuque le vent encore léger mais déjà glacé de la
vieillesse ce disque m'apporte encore de quoi espérer sur l'avenir d'un
rock français de qualité tout prés de Manset et de Saez (dont le retour approche !) et pas trop loin de Noir Désir.
Pourtant si vieillir exige de se méfier de tout sentimentalisme difficile de ne pas se laisser fissurer d'émotions par cette suggestion d'un retour aux valeurs naturelles de "contre un arbre" par ces atmosphéres d 'Eden perdus "Close West" "quelques lumiéres" par ces naives preuves d'Amour "vers le bleu" par ce grand moment du "geste absent" ou cette
procession mystérieuse d'un "convoi" que l'on finit par rejoindre en revant éveillé...
Bref un grand disque qui mérite une écoute attentive car les déclinaisons et interprétations pullulent signes d'une oeuvre déjà armée pour faire face à l'érosion du temps...point commun avec les Thiéfaine.
Bien à vous

ALFANA 427 · Posté le: 27 Sep 2012, 17:39 Sujet du message: MESSINA Damien Saez

Depuis "suppléments de mensonge" qui me fit expérimenter une émotivité que je croyais atrophier, difficile de retrouver cette délicieuse
sensation de faiblesse qui m'accule au bord des... larmes...et non des pleurs car un écrivain lu récemment les définissait probablement à juste titre comme l'incontinence des faibles.
Jusqu'à la sortie de Messina de Damien Saez.
Pourtant assez perplexe devant l'ampleur de l'oeuvre (album triple,la qualité n'allait-elle pas se diluer dans la quantité) son écoute initiale frisait l'indécence tellement s'en exhalait de puissance esthétique et de frissons
inattendus.C'était tellement beau,mention spéciale au CD 3 Messine,que la solitude succédant aux derniéres notes de "Chatillon/Seine", hommage poignant à des amis disparus, me parut si injuste et indigne que l'évidence imposait une nouvelle écoute.
L'album est composé donc de 3 cd portant chacun un titre :"les échoués",
"sur les quais" et "Messine".L'ambiance est plutot accoustique sur le premier,bien rock sur le second, et classico-rock sur le troisiéme.
L'écriture est profonde,truffée de références (Artaud,Rimbaud,Brel...) tiens ça vous rappelle pas quelqu'un et les thémes de prédilection oscillent entre l'amour,la mort,les voyages,le cinéma (superbe chanson "into the wild" en rapport avec le film de Sean Penn) et critiques
sociétales.
Sans trop me l'expliquer,ce triptyque me rend nostalgique et plus précisément d'une nostalgie qui ne renvoie à aucun vécu,aucun souvenir...
J'ai aussi l'impression que la tristesse de Saez représente un paravent de pudeur subversive.Ecorché,il parvient par une écriture poétique et donc déchirante à célébrer habilement sa part d'Humanité qui pourrait s'asphyxier irrémédiablement sous l'étau de sa terrible intransigeance.
Le morceau "Messine" du CD 3 est peut-etre le plus représentatif de cette oeuvre magnifique :bercée par la voix de Saez qui semble altérée par l'alcool et/ou les cigarettes je dérive au fil de ses images poétiques sans me douter de l'imminence de riffs enfiévrés et particuliérement jouissifs.
Chapeau l'artiste (il n'a que 35 ans) et à bientot sur Lyon

Télérama semble avoir été conquis et le numéro concernant les dates du 3 au 10 octobre devrait contenir une critique de l'album en attendant un interet plus conséquent,plus tard...A suivre

ALFANA 427 · Posté le: 31 Oct 2012, 11:44 Sujet du message:

Je sais j'insiste mais "Messina" me bouleverse et me transperce l'ame sans que les écoutes successives en érodent l'intensité émotionnelle.
J'en bois l'ineffable mélancolie jusqu'à la lie,je me soule de ses mélodies sublimes et m'irrigue de ses liqueurs poétiques ensorcelantes...
Je vous joins une critique orale de "Télérama" où il est question d'une certaine analogie artistique avec...Thiéfaine of course !

http://www.telerama.fr/musique/les-sonos-tonnent-le-club-chanson-67-damien-saez-et-raphael,88735.php